« Hello Dolly » – Le Mulesing,un sujet plus… Touffu qu’il n’y paraît!

Pour commencer, un petit tour du côté de ce terme « barbare » :

il s’agit bien de mulesing, non de muSeling

 

La différence entre ces deux mots très proches est simple : le second…

N’existe pas ! Et pourtant, il apparaît dans maints articles dévolus au monde de la laine.

La raison ? Peut-être bien un raccourci « made in France » : cela concerne les animaux, c’est une pratique qui leur est imposée, et l’orthographe rappelle furieusement celle du français « museler ». Sauf que…

Le mulesing ne s’applique pas au museau de l’animal, mais à son extrémité opposée… Admettez-le, la confusion devient gênante là, d’un seul coup…

 

Et donc… Pourquoi « mulesing » ?

Un exemple d’humour « so British », un mot créé pour dérouter leurs voisins français?

 

Allez, avouez que c’est tentant…

Eh bien même pas ! Le Mulesing nous vient de nos amis Aussies : ce terme a pour origine le nom d’un éleveur de moutons du sud de l’Australie, JHW Mules, passé à la postérité pour avoir mis au point l’opération encore pratiquée en Australie.

Ah, voilà ! On retombe enfin sur ses pattes n’est-ce pas !

 

C’est bien joli tout cela, mais de quoi est-il question lorsque l’on parle de mulesing ?

 

Il est question de… Mister Mules (sis si!).

Ce « brave » Monsieur Mules a constaté les ravages causés par un parasite infestant son cheptel sans répit : une mouche à viande du doux nom de « blowfly » dont les larves se développent dans les plis de peau si typiques de la race Mérinos…

L’infestation ne pardonne pas : elle déclenche une mort foudroyante de l’animal. Il suffit de deux à trois jours maximum.

Tâchant de remédier au problème, et inspiré par des lectures, JHW Mules a décidé de saisir le taureau par les cornes et de faire une ablation des zones et plis victimes du parasite, situés dans la zone péri-anale…

Et donc très très loin du museau, n’en déplaise aux fans du « museling »…

Mr Mules a constaté l’efficacité de sa solution, et s’il a eu les plus grandes difficultés à se faire entendre des spécialistes en science vétérinaire du cru, sa découverte a été adoptée par ses confrères éleveurs de moutons Mérinos avant d’obtenir, au fil du temps, le soutien de vétérinaires.

 

Un problème, une solution : le mulesing, oui mais voilà…

 

Ladite technique encore utilisée aujourd’hui revient à « tailler dans le vif » la peau de l’animal, sans anesthésie : la faute aux produits trop chers rendre la démarche «rentable».

Et si la notion de souffrance animale ne faisait pas la une des journaux au tournant du vingtième siècle dont JHW Mules n’aura connu que la première moitié (paix à son âme)…

De nos jours, c’est une tout autre paire de manches.

De nombreuses associations ont commencé à dénoncer la barbarie du traitement infligé aux animaux il y a une quinzaine d’années.

Leur chef de file ? La toute-puissante P.E.T.A. réputée pour ses campagnes choc (Dennis Rodman en tenue d’Adam exhibant ses tatouages, « Think ink, not mink » pour protester contre le massacre des visons, ou la très Frenchie « Plutôt à poil qu’en fourrure », sans oublier les glaçantes « Here’s the rest of your fur coat » – à voir absolument !).

Depuis, le débat fait rage entre les deux camps : les défenseurs des animaux traitent les éleveurs de barbares…

Ce dont ils se défendent puisque le mulesing constitue à leurs yeux la seule solution pour épargner souffrances et mort atroce à leurs animaux…

 

Le mulesing: ce qu’il en est aujourd’hui…

 

Le mulesing est désormais interdit en Nouvelle Zélande mais perdure en Australie. Des vétérinaires n’ont pas hésité à émettre un avis en faveur du mulesing qui soulage réellement et durablement les animaux.

Un compromis envisageable entre les deux camps résiderait dans une opération rendue indolore et limitant au maximum le stress induit par l’opération.

Or, l’inoculation de produits anesthésiants coûte encore trop cher selon les éleveurs Australiens, qui versent des fonds pour la recherche en faveur d’une solution moins douloureuse, moins invasive pour les bêtes, et plus socialement acceptable.

Ajoutons ce sondage d’il y a quelques années, selon lequel la pratique continue du mulesing ne détournerait pas la clientèle…

Et pourtant, le mulesing a aujourd’hui valeur d’argument de vente auprès des consommateurs constamment sensibilisés aux problématiques planétaires du  vivant, plus au fait que par le passé, aidés dans leur démarche par internet et la mondialisation.

Il suffit pour s’en convaincre de faire un petit tour sur les blogs et sites de vente de laine.

Le mulesing pointe du doigt la notion de pratiques éthiques.

 

Et si le problème n’était justement pas le mulesing mais… Le Mouton ?

 

Le mérinos n’est pas une espèce endémique de l’Australie : l’animal a été importé au 19ème siècle pour des raisons purement mercantiles : sa peau plissée permet de démultiplier la surface laineuse de chaque animal, et donc d’augmenter la récolte de laine de manière significative.

Pour en apprendre davantage à ce sujet, le très bon article Wikipedia sur le  Mérinos .

Chez Tichouïaz & Co le choix a été fait de proposer, dans chaque coffret de la boutique, des éléments crochetés à partir de pelotes 100% laine mérinos issue d’élevages ne pratiquant pas le mulesing.

N’étant pas professionnel de l’élevage ovin, il n’est certes pas question de jeter le blâme sur qui que ce soit. D’ailleurs cette recherche sur le sujet a mis en lumière des problématiques dont on ignorait tout.

Cela étant, il est possible de contribuer à la santé économique du secteur lainier tout en ayant la certitude que le mulesing n’est pas utilisé, parce que les mérinos sont élevés loin des ravages de ce parasite.

Et c’est le choix de Tichouïaz & Co pour l’instant, en attendant le jour où une vraie alternative au mulesing émergera suite aux travaux de recherche mis en place.

Bien, pas bien… En fait, la question du mulesing n’est pas totalement dénouée !

Rien que pour les anglophiles convaincus : un passionnant article de blog canadien  sur le mulesing.

A bientôt!

Tichouïaz & Co